Plantes invasives

Plantes invasives: comment limiter leur prolifération

 

  • Mis à jour le 16/08/2018 à 22:21 

 

  • Publié le 14/07/2017 à 08:15

 

Ces végétaux exotiques parviennent parfois à s'«évader» dans le milieu naturel où ils prolifèrent en dehors de tout contrôle. Les jardiniers doivent redoubler de vigilance.

L'été est la saison idéale pour repérer les plantes invasives et limiter autant que faire se peut leur propagation, y compris dans son jardin. Non seulement beaucoup d'entre elles fleurissent en ce moment, ce qui est plus facile pour les identifier, mais un bon coup de faux ou de sécateur empêchera que des milliers de graines se répandent dans la nature.

L'ambroisie à feuilles d'armoise (Ambrosia artemisiifolia) au pollen très allergisant, la grande berce du Caucase (Heracleum mantegazzianum), responsable de graves brûlures cutanées, ou encore la renouée du Japon (Reynoutria japonica) qui colonise et fragilise les berges de la plupart des cours d'eau, défraient régulièrement la chronique. Mais il y en a beaucoup d'autres...

 

 

Dans Le guide des plantes invasives réédité cette année aux éditions Belin (302 p. , 21 €), Guillaume Fried, ingénieur agronome, dresse une description détaillée, photos à l'appui, de 120 de ces belles, ou moins belles, étrangères. Le chiffre peut paraître énorme mais, comparé aux 6000 espèces végétales recensées en France métropolitaine, dont 1300 ont été volontairement ou involontairement introduites par l'homme au cours des millénaires, il ne représente qu'un très faible pourcentage (2%). En outre leur impact sur les habitats naturels ou cultivés reste très inégal.

 

 

À lire également: Les dangers de la grande berce du Caucase

Cela signifie également que la grande majorité des plantes exotiques ramenées de régions éloignées du globe n'ont pas bouleversé les écosystèmes locaux et se sont même avérées bénéfiques pour l'homme. Que l'on songe à la tomate ou à la pomme de terre, importées d'Amérique au XVIe siècle, aux rhododendrons originaires de Chine, au pommier dont le berceau se trouve au Kazakhstan!

En réalité, la migration des plantes sur de longues distances est un processus naturel, lié principalement aux changements climatiques, mais que l'homme a amplifié, aussi bien dans l'espace que dans le temps, du fait des voyages et des échanges commerciaux.

C'est ainsi que, dès le néolithique, des plantes, aussi communes que le coquelicot (Papaver rhoeas) ou le bleuet des champs (Centaurea cyanus), furent introduites fortuitement en Europe occidentale avec les premières semences de céréales importées du Moyen-Orient, pour ne citer que ces exemples.

Le rythme est ensuite monté d'un cran après la découverte du Nouveau Monde en 1492 et l'arrivée d'une flore botaniquement très différente de celle qui préexistait en Europe. Là encore, des «passagers clandestins», autrement dit des «mauvaises» herbes présentes dans les semences de plantes destinées à être cultivées dans les champs (maïs, tournesol) et les potagers (tomate, pomme de terre, poivronharicots...) se sont répandues sur le Vieux continent comme une traînée de poudre.

Plantes «échappées» des jardins

La plupart ne se sont pas acclimatées, mais une petite minorité (vergerette du Canada, amarantes, ambroisies...) a su profiter des conditions locales pour proliférer d'autant plus facilement qu'elles n'étaient pas confrontées aux prédateurs qui limitaient leur démographie dans leur région d'origine. Ce sont ces plantes que l'on qualifie d'invasives dès lors qu'elles impactent négativement la flore et parfois la faune locale en modifiant profondément l'équilibre des écosystèmes.

À cet égard, les plantes ornementales exotiques volontairement acclimatées chez nous mais «échappées» des jardins constituent, à 58%, la principale source d'espèces invasives. Le Mimosa (Acacia dealbata) importé d'Australie; l'arbre aux papillons (ou buddléia), la balsamine à petites fleurs (Impatiens parviflora), le rosier rugueux, l'ailante glanduleux (Ailanthus altissima) originaires d'Asie; le lupin de Russel, le robinier faux acacia (Robinia pseudoacacia) ou l'herbe de la pampa (Cortaderia selloana) en provenance d'Amérique: toutes ces plantes, pour ne citer qu'elles, sont (re)devenues aujourd'hui des plantes sauvages. Autrement dit des plantes capables de se reproduire et de proliférer sans intervention humaine avec une préférence pour les zones écologiquement perturbées comme le bord des routes, le lit majeur des rivières, les ronds-points, les friches industrielles etc..

Fauchage et arrachage

Horticulteurs, pépiniéristes mais aussi jardiniers amateurs sont donc directement concernés par le problème dès lors qu'ils introduisent ou cultivent une plante exotique potentiellement invasive. La vigilance est d'autant plus requise que la plupart de ces espèces «passent inaperçues tant qu'elles ne posent pas de problème», avertit Guillaume Fried qui souligne l'importance de la prévention et d'une intervention précoce dès les premiers signes d'«évasion».

Le fauchage des invasives annuelles, comme l'amarante ou l'ambroisie, avant qu'elles ne montent à graines quitte à renouveler l'opération en cas de deuxième floraison, permet de limiter leur progression, sous réserve d'opérer de manière systématique à une échelle assez vaste.

Pour les vivaces, comme la grande berce du Caucase, ou la renouée du Japon, il convient, en plus, de les arracher en évitant au maximum de disperser des fragments de rhizomes ou de racines.

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